Âge des poissons

                          Quel est l’âge des poissons ?

(extraits d’un cours ; R. Sabatié-master-DAA Halieutique ; Agrocampus Ouest )

Pourquoi âger les poissons ?

Nécessité pour l’étude démographique des populations et la gestion des stocks (évaluations – prévisions – simulations.) ; pour connaître :

* La croissance en taille ou en poids des poissons en fonction du temps

* Le couple taille-âge du recrutement = âge de 1ère capture

* Le couple taille-âge de 1ère maturité sexuelle

Comment âger les poissons ?

    Méthodes graphiques et statistiques :

Utilisées depuis Petersen, 1892, mais difficile à mettre en oeuvre. Des outils fraphiques existent

* La taille des individus nés d’une même ponte est répartie d’une manière gaussienne et chaque mode représente donc un âge moyen. Le principe repose sur une décomposition polymodale

* On essaye donc de discriminer des sous-populations, redistribuer les individus autour de la valeur centrale du mode et on estime les paramètres de la courbe.

un exemple clair ! 5 modes sont visibles (poissons de même âge pour une même taille moyenne) ; la croissance estimée sur plusieurs années est en rouge

le Bar en Bretagne…impossible de déterminer des modes distincts

Méthodes anatomiques

* sclérochronologie (étude des parties dures)

                    * otolithométrie (étude des otolithes)

                   * squelettochronologie (étude de pièces squelettiques)

                 scalimétrie (étude des écailles)

A) les écailles

il existe plusieurs types d’écailles :

                          les écailles rhomboïdes (cosmoïdes et ganoïdes) : ce sont des plaques épaisses

                             Les écailles placoïdes : (dents cutanées)

   

                       Les écailles élasmoïdes :

2 types :cycloïdes et cténoïdes

Les écailles cycloïdes : minces et transparentes (anciennes)

Les écailles ctenoïdes : les plus évoluées (noter les spinules sur le champ postérieur = visible sur le flanc du poisson )

 B) Structure

1 couche superficielle minéralisée provenant des ostéoblastes + ornementations ; 1 couche profonde et fibreuse = plaque basale = fibroblastes de collagène

La partie visible (hors derme) est celle portant des pigments et/ou des denticules ; l’ensemble est donc souple et rigide !

 C) Utilisation des écailles

* âge et croissance

* taxonomie (nombre : écaillure : forme : différentiel de croissance )

* caractérisation du cycle biologique (marques attestant l’histoire de vie : arrêts de croissance, reproduction, migrations…)

               Otolithométrie : étude des otolithes

A) les otolithes  :

> sont des concrétions calciques (CaCO3) du labyrinthe membraneux de l’oreille interne

> assurent les fonction d’équilibre (pars supérieure) et de réception sonore (pars inferior)

> par leurs déplacements dans les sacs, ils stimulent des cils sensoriels puis les nerfs crâniens assurant la perception du milieu

> résultent de la fusion de cellules primordiales>>>>nucleus

    

> la variabilité de la taille chez les espèces dépend des habitats et des groupes taxonomiques

   B) Constitution

* cristaux d’Aragonite enrobés d’une trame proteique (otoline) ; la structure est prismatique

* la forme de dépôt est régulière * les accrétions sont liées au métabolisme du Calcium (hormones hyper et hypo)

* cycle journalier endogène = microstructures (croissance la nuit) résultant de calcification puis d’un dépôt de l’otoline comme une matrice qui enveloppe les cristaux

cycle saisonnier = macrostructures supplémentaires > zone hyaline (hiver = calcification faible : mat.organique dominante) alternant avec une zone opaque (print-été= calcification forte ; cristaux longs et épais)

    C) comment les observer ?

* observation directe (sec : glycérine ; eau) en lumière transmise ou réfléchie

* liquide d’éclaircissement (créosote ; camomille)

* section ou calcination ou coloration

les dépôts ressemblent aux alternances observées sur des coupes d’arbres (chez les larves on observe le cycle journalier des dépôts).

 

   D) utilisation des otolithes

* âge et croissance

* taxonomie (forme)

* caractérisation du cycle biologique (marques ou constituants microchimiques attestant l’histoire de vie)

chez l’Anguille les étapes évolutives de la larve à l’adulte sont observables (ici en microscopie électronique)

              ostéochronologie : étude de pièces squelettiques

*Poissons : section de rayons ou d’os durs ou de vertèbres

 

 *Bivalves : section et brûlage ou coloration de la coquille

* Céphalopodes : stries d’accroissement sur le bec ou sur les statolithes (minuscules otolithes peu calcifiés)

            Détermination de l’âge

Il faut valider (déterminer avec certitude) l’âge réel attribué aux structures observées

* par des techniques de marquage des individus (pour lire les écailles correctement)

 

Vous voyez qu’il faut une grande connaissance de l’écologie d’une espèce pour déterminer les marques hivernales de ralentissement de croissance

* par marquage chimique des otolithes (injection abdominale de calceine par exemple pour visualiser la date du marquage et reconnaître les vraies marques des fausses)

Mouneix, 1981